Vivre et l'écrire

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Une question de temps (1/2)

Le temps joue un rôle important en ce qui concerne la rue Edgar Poe. A l’époque médiévale, le seigneur Gorm avait défendu sous peine de mort d’évoquer l’ancien nom de la rue de quelque façon que ce soit. Le climat de terreur qu’il instaura fut tel, que plus personne n'osa en parler, si bien que bientôt les habitants oublièrent son nom. La rue devint alors une rue sans nom.

 

Mais même Gorm ne put aller contre le cours des choses. En peu de temps, la rue devint plus célèbre qu'aucune autre alentour et les habitants de cette ville ne tardèrent pas de l’appeler naturellement la rue sans nom. Et c’est ainsi que Gorm, pour avoir voulu rayer de la mémoire des hommes le nom originel de la rue tout en défendant qu’on lui en donna un nouveau, fut le responsable bien involontaire de sa nouvelle dénomination pour les siècles à venir. De l’ancienne cité, la rue fut le seul lieu à résister aux outrages du temps et aux destructions. Depuis, sa renommée a dépassé les frontières et les siècles tandis que son histoire est restée gravée dans la mémoire des habitants de la Ville jusqu'à nos jours.

 

Le temps occupe également une place particulière dans la vie de plusieurs protagonistes comme, par exemple, dans celle de l'inspecteur Korrigan.

 

Traumatisé par le décès de sa mère alors qu’il n’était encore qu’un enfant, Nuno Korrigan a été marqué dans sa jeunesse par l’une de ses voisines, Miss Earth. Cette très vieille dame avait exercé sur lui une sorte de fascination depuis qu’il s’était interrogé sur son âge. Sa voisine avait « un siècle », lui avait-on répondu. Cette seule évocation avait suffi à impressionner le garçonnet, lui pour qui l'existence se résumait à seulement quelques minuscules années. Un siècle, il ne savait pas ce que ça représentait au juste.

 

C’est son imagination qui lui avait soufflé cette réponse :

 

« Pour son esprit juvénile un siècle représentait l'Éternité elle-même. Pour le petit Nuno, Miss Earth était aussi vieille que cette Terre dont elle portait le nom. C’est ainsi qu’il s’ingénia à l’imaginer comme un être éternel. Jamais elle ne mourrait. « Seuls les dieux sont immortels » lui avait-on appris. Nuno avait donc une déesse pour voisine! Une véritable, une authentique déesse ! Une déesse toute fripée, toute ridée, édentée, mais une déesse quand même. Elle au moins, la mort n'oserait pas la lui enlever. Qu'elle essaie un peu pour voir ! »



07/12/2016
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